Association chimiothérapie systémique + chirurgie de cytoréduction + CHIP : Un trio gagnant dans les carcinoses péritonéales d’origine colorectale.
Les caractéristiques des patients des 2 groupes semblent très proches pour ce qui est du site tumoral (rectum/colon), du stade tumoral initial, du taux d’ACE… sauf pour la différenciation tumorale (plus de cancers bien différenciés dans le bras CHIP) et l’âge (plus jeune dans le bras CHIP). Les résultats en termes de survie globale sont assez impressionnants : 62.7 mois dans le bras CHIP versus 23.9 mois dans le bras chimiothérapie systémique (évidemment significativement différents)… Pour démontrer que l’âge et la différenciation tumorale n’étaient pas à l’origine de cette différence de survie, les auteurs ont inclus ces variables dans un modèle de Cox, qui a montré qu’elles n’interféraient pas avec la survie.
Evidemment ces résultats sont à prendre avec précaution. D’abord, on s’adresse à une population hyper sélectionnée de patients jeunes, en bonne forme physique, et atteints d’une carcinose péritonéale peu avancée, souvent en première ligne métastatique. Ensuite, ce n’est pas un essai randomisé, ce qui limite la comparabilité des 2 groupes. Par ailleurs, la médiane de suivi était beaucoup plus courte dans le bras CHIP que celui de la chimiothérapie systémique (63 vs 96 mois). Enfin il existe quelques zones d’ombre mal expliquées dans l’article. Il est mentionné que tous les patients du groupe CHIP ont eu une chimiothérapie néoadjuvante, sans préciser la nature du traitement et la durée… De plus, 8 patients / 48 du groupe témoin n’ont pas eu d’exploration chirurgicale pour confirmer la carcinose et surtout l’opérabilité de celle-ci. A noter aussi que ce n’est pas seulement la CHIP qui est comparée à la chimiothérapie systémique mais c’est bien l’association d’une chimiothérapie systémique, d’une chirurgie de cytoréduction maximale suivie d’une CHIP qui constitue le bras expérimental. Donc quel aura été l’apport supplémentaire de chacune des ces procédures thérapeutiques dans le gain de survie ? On ne peut répondre avec cette étude.
Au total cette étude est surtout intéressante pour la très bonne médiane de survie offerte par la chirurgie de cytoréduction suivie de CHIP (et a priori précédée d’une chimiothérapie néoadjuvante) chez ces patients atteints d’un cancer du colon-rectum compliqué d’une carcinose péritonéale. Cette technique chirurgicale apparaît donc vraiment intéressante pour ces patients, si tant est qu’ils aient accès à la procédure.
1. Armstrong DK, Bundy B, Wenzel L, Huang HQ, Baergen R, Lele S, Copeland LJ, Walker JL, Burger RA; Gynecologic Oncology Group.Intraperitoneal cisplatin and paclitaxel in ovarian cancer. N Engl J Med. 2006 Jan 5; 354(1):34-43
2. Verwaal VJ, van Ruth S, de Bree E, van Sloothen GW, van Tinteren H, Boot H, Zoetmulder FA. Complete cytoreductive surgery plus intraperitoneal chemohyperthermia with oxaliplatin for peritoneal carcinomatosis of colorectal origin. J Clin Oncol. 2003 Oct 15;21(20):3737-43
3. Elias D, Lefevre JH, Chevalier J, Brouquet A, Marchal F, Classe JM, Ferron G, Guilloit JM, Meeus P, Goéré D, Bonastre J. Randomized trial of cytoreduction and hyperthermic intraperitoneal chemotherapy versus systemic chemotherapy and palliative surgery in patients with peritoneal carcinomatosis of colorectal cancer. J Clin Oncol. 2009 Feb 10;27(5):681-5.