Innocuité de l’échographie au cours de la grossesse : faut-il se méfier des certitudes ?
L’échographie est largement utilisée pendant la grossesse pour vérifier le bon déroulement de celle-ci et détecter d'éventuelles malformations du fœtus. En théorie, les ultrasons utilisés pourraient être à l’origine de modifications biologiques néfastes pour la santé mais aucune conséquence délétère n’a jamais été mise en évidence au cours des études épidémiologiques. Certaines anomalies ont par contre été observées sur des modèles animaux, fœtaux et adultes, avec des expositions aux ultrasons de plus en plus proches de celles utilisées désormais chez l’homme.
L’organisation mondiale de la santé est en train de planifier une étude multicentrique pour établir des standards de la croissance fœtale en vue d’une application internationale.
Dans ce cadre, une revue systématique et une méta-analyse ont été effectuées pour évaluer les effets, à court et à long terme, de l’échographie pendant la grossesse, chez les femmes et les fœtus exposés à l’échographie de mode-B ou Doppler. Soixante et une publications rapportant les résultats de 41 études ont été traitées dans cette analyse, dont 16 études contrôlées, 13 études de cohorte et 12 études cas-témoins. Les paramètres mesurés étaient : les effets néfastes maternels et périnataux, la croissance et le développement neurologique anormaux pendant l’enfance, les pathologies malignes pendant l’enfance, les performances intellectuelles et les maladies mentales.
Les résultats de cette étude montrent que l’utilisation de l’échographie pendant la grossesse n’est pas associée à des effets néfastes maternels, périnataux et dans l’enfance. Une association faible a été mise en évidence entre l’exposition à l’échographie et le fait de ne pas être droitier, mais seulement chez les garçons.
Cette méta-analyse présente cependant certaines limites. Aucun des travaux inclus n’avait pour objectif principal l’étude des effets indésirables de l’échographie, et malheureusement depuis l’introduction de l’échographie, les données sur ses possibles effets secondaires sont très limitées. L’intensité de l’exposition acoustique et la durée de l’examen n’étaient pas rapportées dans 90 % des études, alors qu’on sait qu’il est très important d’évaluer la réponse à la dose. La plupart des cas analysés étaient exposés à l’échographie avant 1995, or le potentiel acoustique était inférieur à celui des appareils modernes employés actuellement.
En conclusion, selon les données disponibles actuellement, l’échographie pendant la grossesse devrait garder le statut d’un examen sans danger pour les mères et les fœtus. Cependant, cette conception n’est pas nécessairement valable en ce qui concerne les équipements actuels, et il ne faut pas exclure que des effets des ultrasons sur le développement puissent apparaître plusieurs années après l’exposition. Si donc les examens médicaux effectués pendant la grossesse n'ont entraîné aucun effet biologique démontré à ce jour, la possibilité d’un risque persiste, et il reste utile de conduire de larges études pour évaluer la sécurité d’utilisation des appareils modernes.
Torloni MR et coll. du ISUOG-WHO Fetal Growth Study Group. : Safety of ultrasonography in pregnancy : WHO systematic review of the literature and meta-analysis. Ultrasound Obstet Gynecol. 2009; 33: 599-608