Les antidépresseurs, inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), seraient ils sans effet sur la dépression ?
Jusqu’au début des années 1990, les déprimés disposaient d’antidépresseurs efficaces, mais ceux-ci étaient relativement difficiles à manipuler et parfois à l’origine d’effets secondaires. Avec l’arrivée duProzac (surnommé "pilule du bonheur"), bien toléré et surtout soutenu par une politique commerciale très active, ce médicament a rapidement été très prescrit au point où sa consommation ait été jugée excessive par certains experts.
Le Prozac qui se compose de fluoxétine, a la particularité d’inhiber presque exclusivement la recapture de la sérotonine, un neuromédiateur cérébral. Il augmente ainsi la concentration de sérotonine dans les neurones. Or chez les patients dépressifs il existe une concentration moindre de produits de dégradation de la sérotonine dans le liquide céphalo-rachidien. La fluoxétine atténuerait les symptômes dépressifs ainsi que les troubles obsessionnels compulsifs. Elle n’entraîne par ailleurs pas de sécheresse de la bouche, de problèmes prostatiques ou de baisse de tension artérielle.
Devant ces résultats jugés ‘’miraculeux’’, d’autres firmes pharmaceutiques ont mis sur le marché d’autres sérotoninergiques tels que la sertraline (Zoloft), la paroxétine (Deroxat), la fluvoxamine (Floxyfral) et le citalopram (Seropram) entraînant une augmentation notable de la prescription des antidépresseurs non seulement par les psychiatres mais également par les omnipraticiens .
Cependant une étude britannique publiée au mois de février 2008 sur la revue américaine ‘’Plos Medicine’’ remet en cause l’effet du Prozac et des antidépresseurs de la même famille (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) tels que le Deroxat, l’Effexor, le Seroxat etc. Selon les scientifiques anglais, après analyse non seulement des études publiées mais également des études non divulguées par les laboratoires pharmaceutiques, les effets de ces antidépresseurs sont similaires à ceux de molécules placebo sur les personnes légèrement dépressives. Selon cette étude, "La différence d'amélioration entre les patients prenant des placebos et ceux prenant des antidépresseurs n'est pas très importante. Cela signifie que les personnes souffrant de dépression peuvent aller mieux sans traitement chimique".
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine sont significativement plus efficaces que les placebos uniquement lorsqu'elles sont administrées à des dépressifs sévères. Mais même cet effet bénéfique dans les dépressions sévères serait davantage lié à une moindre réaction des patients au placebo qu'à une réaction positive aux antidépresseurs, selon cette étude.
Pour la Haute Autorité de Santé française, « Les médicaments ne doivent être administrés que lorsqu'il y a une dépression caractérisée. Lorsque celle-ci est légère, on doit privilégier la psychothérapie. Lorsqu'elle est sévère - amaigrissement, incapacité à sortir de chez soi, idées suicidaires, etc. - ou qu'il y a hospitalisation, on ne peut pas se passer de médicaments associés à une thérapie ».