Proposition d’une nouvelle classification des cancers de la verge
La classification TNM actuelle des tumeurs de la verge n’a pas été modifiée depuis 1987. Elle semble cependant perfectible. La classification clinique repose en effet sur l’atteinte de structures anatomiques difficiles à préciser par l’examen ou l’imagerie. Il est malaisé par exemple d’affirmer si les ganglions inguinaux envahis sont superficiels ou profonds, ce qui les fait classer cependant N1 ou N3. De plus, la survie n’est pas toujours corrélée au stade (les malades T3 ont tendance à survivre plus longtemps que les T2). C’est ainsi qu’une classification nouvelle est proposée afin de faciliter la stratification des malades en fonction de leur pronostic.
L’expérience de ces auteurs s’appuie sur plus de 500 malades traités sur 50 ans (1956-2006) pour des carcinomes exclusivement épidermoïdes. A noter que la survie moyenne à 5 ans s’est élevée : 80 % et modulée par l’envahissement vasculaire et par la différenciation (grade). L’adéquation entre les stades T cliniques (cT) et histopathologiques (pT), satisfaisante pour les tumeurs superficielles (90 %) décline rapidement pour tomber à 28 % dans les T4. La survie spécifique s’est avérée très similaire pour les groupes pTis et pT1, de même que pour les pT2 et pT3. Par ailleurs, la concordance entre les stades cliniques cN et pathologiques pN était de 69 % pour les cN0 mais de 37 % pour les cN3. La survie des pN1 et pN2 était semblable.
Les auteurs proposent de substituer à la classification TNM actuelle (où une classification T2 suppose une infiltration des corps caverneux et/ou spongieux et T3 un envahissement de l’urètre ou de la prostate), une classification nouvelle où T2 impliquerait une extension au corps spongieux et T3 au corps caverneux. Enfin, les T4 qui signifiaient un envahissement des structures adjacentes, mais pas de la prostate (classée T3), incluraient désormais l’atteinte des structures adjacentes, y compris la prostate. Ainsi obtient-on des courbes de survie bien différenciées selon les nouveaux stades.
De même, pour corréler le pronostic avec la classification, il apparaît judicieux, compte tenu de la difficulté de distinguer aussi bien cliniquement que radiologiquement les ganglions « superficiels », actuellement considérés comme N1 (si unique), N2 (si multiples) et N3 « profonds », de classer les adénopathies en N1 : ganglions inguinaux unilatéraux, N2 : ganglions inguinaux bilatéraux, et N3 : envahissement des ganglions pelviens. La classification devient alors mieux ajustée aux courbes de survie.
Leijte JA et coll.: Evaluation of current TNM classification of penile carcinoma. J Urol 2008 ; 180 : 933-8.