Virus A (H1N1) pandémique et grippe saisonnière : pas de recombinaison pour l’instant
Parmi les questions encore en suspens sur la grippe A (H1N1) pandémique, deux sont particulièrement importantes : quelle est la contagiosité et la morbidité imputable à ce virus comparativement à celles de la grippe saisonnière ? Le nouveau virus aura-t-il tendance à se recombiner avec ceux de la grippe saisonnière pour devenir plus pathogène ?
Une étude animale qui vient d’être publiée sur le site PLoS Current Influenza apporte des éléments de réponse à ces deux interrogations fondamentales.
Daniel Perez et coll. de l’Université du Maryland ont étudié le virus A (H1N1) pandémique chez le furet, un modèle animal utilisé couramment pour travailler sur la grippe humaine.
Plus pathogène et plus contagieux que les virus de la grippe saisonnière
Cette équipe a en premier lieu comparé la pathogénicité et la contagiosité du virus pandémique en infectant des furets avec ce nouveau virus et une souche de virus grippal saisonnier (H1N1 [A/Brisbane/59/07] ou H3N2 [A/Brisbane/10/07]). Il est apparu que si les 3 virus étaient retrouvés dans les fosses nasales des animaux infectés, la colonisation de la trachée et surtout des poumons était beaucoup plus importante avec le virus pandémique A (H1N1) qu’avec les virus saisonniers. Sur le plan anatomopathologique l’examen des poumons des animaux a montré une congestion et une infiltration inflammatoire beaucoup plus importante avec le nouveau virus. Ceci est à rapprocher des constations épidémiologiques récentes faisant état d’un risque relativement élevé de syndrome de détresse respiratoire avec cette nouvelle grippe pandémique (estimé à environ 1 pour 5 000). Ces essais ont également montré que le nouveau virus se multipliait plus vite et était plus contagieux que les virus saisonniers de comparaison.
Des co-infections sont-elles en cause dans certaines formes létales ?
Par ailleurs des essais de co-infection avec deux types de virus grippal saisonnier ont montré que celle-ci était possible et semblait aboutir à un tableau clinique plus sévère. Il serait intéressant à cet égard de déterminer si certaines des personnes décédées lors de la pandémie actuelle n’ont pas été infectées simultanément par un virus saisonnier.
La seule information rassurante issue de cette étude est qu’il ne semble pas y avoir eu de recombinaison génétique significative des souches virales lors de ces co-infections expérimentales.
Bien que ce modèle animal soit largement utilisé pour étudier la grippe humaine, il n’est cependant évidemment pas possible de conclure de ce travail que de telles recombinaisons, potentiellement à haut risque, ne surviendront pas lorsque ce ne seront plus quelques animaux de laboratoire mais des millions d’êtres humains qui seront co-infectés par deux virus grippaux, la probabilité de l’émergence de souches recombinées augmentant peut-être avec le nombre d’individus infectés…
Perez D et coll.: Fitness of Pandemic H1N1 and Seasonal influenza A viruses during Co-infection: Evidence of competitive advantage of pandemic H1N1 influenza versus seasonal influenza. PLoS Current Influenza. 2009; 25 août.