Tout sur... lorange : Une baie particulière
Bien se nourrir pour mieux vieillir
Dans un article précédent, nous avons vu qu’au même titre que les légumes, les fruits sont bénéfiques pour la santé.
Qu’est ce qu’un fruit ?
En botanique, le fruit est l'organe végétal qui protège la graine. Il succède à la fleur. Sa fonction est de favoriser la dissémination des graines, au cours de la reproduction. Ceci se fait par le biais des animaux, du vent ou de l'eau. Au sens large, le fruit est un aliment végétal, riche en sucre et en vitamines, généralement consommé cru au dessert. On y distingue :
· les agrumes : citron, orange, pamplemousse, mandarine, cédrat, kumquat.
· les baies : fraise, groseille, raisin
· les fruits à pépins : pomme, poire
· les fruits à noyaux : abricot, cerise, pêche
· les fruits à coque : noisette, noix
· les fruits exotiques: ananas, banane, kiwi, mangue, etc.
Notre propos est de vous entretenir dans cet article d’un fruit très répandu dans notre pays dans les régions irriguées du nord (avec le figuier dans les régions montagneuses et la datte dans les oasis) : Il s’agit de l’orange qui est un agrume. On donne le nom générique d'agrume (appellation d'origine italienne) aux arbres appartenant au genre botanique des citrus.
Un peu d’histoire
L'oranger (Citrus sinensis) est originaire de Chine . Il est cultivé en Asie depuis plus de 4 000 ans. Les Arabes l'ont introduit en Perse, en Égypte, en Afrique du Nord, en Espagne et en Sicile d’où il diffusa vers le reste de l’Europe à l’époque des croisades en particulier (XIe siècle-XIIIe siècle). Dans un second temps, les navigateurs portugais redécouvre l’orange (en fait l’orange douce qui va supplanter l’orange amère ou bigarade) au XVIe siècle et la réintroduisirent en Europe puis avec les espagnols, en Amérique. Christophe Colomb aurait, apporté des graines d'oranges à Haïti au cours de son deuxième voyage vers le Nouveau Monde en 1493. Les orangers ont ensuite été introduits en Floride par les Espagnols au XVIe siècle. Ce court historique explique l’appellation de ce fruit : le mot «orange» est dérivé de l'arabe نرنجة (naranjah). Cette appellation se retrouve dans plusieurs autres langues tel que l'espagnol naranja, le vénitiennaranza, le portugais laranja, le catalan taronja , l'italien arancia , le provençal auranja ou le français , l’anglais et l’allemand orange .D’autres langues nomment l'orange par le nom du Portugal. C'est le cas avec le napolitain portogallo, l'albanais portokalli, le roumain portocală ,le turcportakal, l'arabe برتقال et le persan moderne (farsi) پرتقال .
En Europe l’orange resta jusqu'à la première moitié du XXe siècle, un fruit de luxe. Sa culture en bac a longtemps été un symbole de pouvoir pour les aristocrates qui lui dédiaient des bâtiments spécialisés : les orangeries.
En Afrique du Nord (et donc en Algérie), la culture de l'oranger remonte au début de notre ère. Avant la colonisation française, on retrouvait l’oranger dans les vergers des riches familles et certaines rues de villes, comme Blida, étaient bordées d’orangers. Dans cette région de la Mitidja, on comptait près de 170 hectares d'orangeries. Avec l’occupation française, et en vue de fournir les marchés européens, les colons couvrirent de plantations des milliers d’hectares dans la Mitidja d’abord puis dans les vallées abritées et dans les plaines de la dépression sublittorale, où le sol est humide, ou qui présentent des possibilités d'irrigation : les plaines d'Oran, du Sig et de l'Habra, la vallée de la Mina, la plaine du Chélif et les plaines de Annaba et de Skikda. C'est en 1850 que les premières expéditions d'oranges d’Algérie furent envoyées en France. Les oranges algériennes, dont les variétés sont nombreuses, étaient souvent classées parmi les qualités de luxe, et celles de Blida et de Bejaia faisaient prime sur le marché londonien. En 1913, 4.000 hectares d'orangeraies alimentaient une exportation de 100.000 quintaux. . En 1928, ces chiffres sont portés respectivement à 8.000 hectares et 220.000 quintaux. En 1948, l’Algérie possédait 25.000 hectares de plantations d'agrumes.
L’Algérie considérée naguère comme un des grands producteurs et exportateurs d'agrumes, verra , au début des années 80 , son verger agrumicole décliner au fil des ans tant en superficies qu'en rendement. Toutefois, dès 1992, on assiste à une légère augmentation des superficies . La progression enregistrée durant la période 1989-1993 a permis une production de 283 734 tonnes en 1993. Mais malgré cette augmentation, les rendements restent assez faibles.
Evolution des superficies, des productions et des rendements des agrumes
(1980-1981=100)
En 2004, le verger agrumicole algérien était estimé à une superficie d’à peine 41.380 ha, soit 8,38% de la superficie arboricole nationale, localisé essentiellement dans les périmètres irrigués. Cette régression très importante des superficies est liée à de nombreuses contraintes tels que l’insuffisance des ressources hydriques, l’état défectueux des réseaux d’irrigation et de drainage, l’âge très avancé de plus de la moitié des plantations et une utilisation modeste des techniques agricoles modernes. (Cf. Mate, 2004 - Elaboration de la stratégie nationale et du plan d’action national de la diversité biologique -phase 2 du projet ALG/97/G31). Ceci sans oublier, la réorganisation du secteur public agricole entamé en 1987qui a accentué d’avantage la déstructuration des productions développées par le passé, la disparition des savoir-faire et une politique d’encadrement inadéquate qui ont conduit à l’abandon des champs de pied mère, ainsi qu’à la réduction du nombre de pépiniéristes. L’année 1987 coïncide d’ailleurs avec la suspension de la traditionnelle fête de l’orange à Chlef qui ne reprendra qu’en 2005. Pour les fellahs de la région, la disparition de cette fête (qui symbolisait à la fois la cueillette abondante des oranges et l’attachement des fellahs à une activité agricole ancienne) pendant 18 ans est due au dépérissement des vergers agricoles en rapport avec la cherté des fertilisants, le manque crucial d’eau d’irrigation à partir des barrages ( 80% d’entre eux n’utilisent que les forages en période de forte demande) ce qui engendre une baisse importante sur l’état et le rendement de l’arbre. La surface cultivée en 2005, sur la plaine du moyen Cheliff s’élevait à 5.800 ha avec une production annuelle d’agrumes toutes variétés confondues de 600.000 quintaux. La wilaya de Blida avec une superficie cultivée de 13.000 hectares a produit 2.475 868 quintaux d’agrumes en 2006 soit 30 % de la production nationale.
Les différentes variétés d’orange
Les oranges sont classées en deux groupes comprenant les oranges amères et les oranges douces. Il existe plusieurs variétés à l'intérieur de ces groupes.
L'orange amère (Citrus aurantium) serait l'ancêtre des oranges douces. On la nomme aussi «bigarade» ou «orange de Séville». Les arabes la cultivèrent intensivement près de Séville en Espagne, et le nom lui resta. Le bigaradier est un arbrisseau épineux aux feuilles persistantes, ovales et luisantes. Ses fleurs blanches ou roses sont très odorantes. L'orange amère a une épaisse écorce rugueuse, teintée de vert ou de jaune. Elle est plus petite que l'orange douce. Sa chair peu juteuse est très amère.
L'orange douce (Citrus sinensis) est l'orange juteuse, sucrée et acidulée tant appréciée. L'oranger est un arbre qui atteint entre 8 et 13 m. Ses fleurs dégagent un parfum suave. Dans plusieurs pays méditerranéens, elles symbolisent la virginité et le mariage. Il existe de très nombreuses variétés d'oranges douces.
L'orange de Valence (nom de la ville d'Espagne où elle était cultivée intensivement). Elle fut introduite aux États-Unis vers 1870. Elle représente environ 50% de la production américaine. L'orange de Valence est maintenant cultivée dans plusieurs régions, notamment en Amérique du Sud, en Australie et en Afrique du Sud. Sa chair très juteuse et acidulée contient peu ou pas de pépins. L'orange de Valence est l'orange à jus par excellence.
L'orange navel serait originaire du Brésil. Elle fut introduite aux États-Unis vers 1600. On la cultive également dans plusieurs pays et régions, particulièrement en Italie, en Espagne, en Israël, en Australie, en Amérique du Sud, et en Afrique du Sud. Son écorce orangée est épaisse, rugueuse et facile à enlever. Sa chair croquante et sucrée est particulièrement savoureuse et presque toujours exempte de pépins.
L'orange sanguine est un hybride qui est apparu vers 1850. Sa chair est rouge. Lorsqu'elle n'est que parsemée de filets pigmentés de rouge, on la nomme demi-sanguine. Ces oranges sont surtout cultivées en Espagne, en Italie et en Afrique du Nord. Certaines variétés ont une forme légèrement allongée. La pulpe est sucrée, juteuse et très parfumée. L'orange sanguine est habituellement dépourvue de pépins.
Plusieurs variétés d'oranges sont regroupées sous ces noms génériques, à condition qu'elles répondent à certaines normes (qualité, dimension, etc.). Les variétés d'oranges cultivées en Algérie sont assez nombreuses : Les variétés précoces, Thomson et Washington Navel ; la Portugaise demi sanguine qui arrive à maturité entre début de février et fin d'avril ; l'orange d'été, Valencia late etc.
Orange sanguine
Production et marché mondial des agrumes
Sur le plan mondial, la production d’agrumes, toutes variétés confondues, oscille autour de 50 Mt (l’orange constitue plus de 50 % des agrumes). La part qui fait l’objet d’échanges internationaux s’élève à peine à 7 Mt, soit près de 14% seulement. La faiblesse de cette part s’explique essentiellement par le fait que les principaux pays producteurs sont en même temps d’importants transformateurs.
Les plus grands producteurs d'oranges sont le Brésil, les États-Unis, la Chine, l'Espagne et le Mexique. Le Brésil et les USA notamment représentent plus de 50 % de la production mondiale (25 % chacun), mais plus des 3/4 de l’industrie de transformation.
La Méditerranée contribue d’une façon relativement modeste à la production mondiale d’agrumes (25 %) mais participe très activement dans les échanges internationaux puisqu’elle en assure quelque 4,5 Mt, soit environ les 2/3. L’essentiel des exportations méditerranéennes est destiné au marché européen qui constitue, et de loin, le premier marché mondial (60 %). Plus de 80 % des importations communautaires proviennent du bassin méditerranéen. Les Pays producteurs-consommateurs sont essentiellement Malte, I’Egypte, la Turquie et la Grèce qui représentent globalement 40 % de la production méditerranéenne mais plus de 70 % de la consommation de la région. Cette part est encore plus importante au niveau de chacun d’eux.
Les Pays producteurs-exportateurs sont l’Espagne, le Maroc et Israël. Groupés, ils représentent 50 % de la production méditerranéenne et près des 3/4 des exportations.
Le reste des pays méditerranéens est caractérisé par un volume de production relativement modeste dont l’essentiel est destiné au marché local. C’est le cas notamment de la Tunisie, de l’Algérie et de Chypre.
Les bienfaits de l’orange
L'oranger (Citrus aurantium sinensis, de la famille des Rutacées), comme toutes les plantes de cette famille, possède un fruit très particulier. C'est une baie car le fruit est charnu et contient des pépins. L'orange est le fruit de l'hiver par excellence puisque c'est en cette saison qu'il est le meilleur et que sa richesse en vitamine C (53 mg/100 g) est idéale pour lutter contre le froid et la fatigue. Une orange moyenne permet de couvrir pratiquement l'apport quotidien recommandé .De plus, la peau épaisse protège le fruit de l'oxygène de l'air qui détruit la vitamine C.
L’orange est aussi une excellente source de calcium (40 mg/100 g au lieu de 10 mg/100 g pour la plupart des fruits). De plus, la présenced'acides organiques dans le fruit joue un rôle favorable dans l'assimilation calcique. Ces mêmes acides organiques excitent les sécrétions digestives, et facilitent une bonne assimilation des aliments. D’où l’intérêt d’une orange dégustée en dessert, même après un repas un peu copieux.
Par ailleurs, elle permet de favoriser l’élimination des toxines liées au tabac ou à la pollution. Elle est aussi reconnue pour limiter les effets néfastes des radicaux libres (qui accélèrent le vieillissement de la peau).
Autre atout et non des moindres, l'orange a un apport énergétique modéré (45 kcal/100 g).
Le fruit est consommé frais, mais il est aussi utilisé dans d'innombrables recettes comme le jus d'orange (54 % du marché des jus de fruits), les confitures, les sirops, les gelées , les pâtisseries, les salades de fruits, ou le canard à l'orange.. Elle entre également dans la confection de nombreuses confiseries (fruits confits, chocolats, bonbons). La peau d'orange (zeste)est pourvue de nombreuses glandes sécrétrices d'essences qui donnent son odeur particulière à l'orange. Les fleurs et les feuilles de l'oranger sont utilisées en parfumerie et en pharmacopée. L'eau de fleur d’oranger, très apprécié dans notre pays, provient du bigaradier (oranges amères). C'est une essence extraite par distillation des fleurs du bigaradier et utilisée comme arôme en pâtisserie. L’orange amère est également utilisée pour la confection de liqueurs et confitures (la célèbre marmelade d'oranges anglaise), en cuisine, pâtisserie et confiserie.
Les oranges peuvent être conservées environ une semaine à température ambiante, ou un peu plus longtemps en les mettant dans le bac à légume du réfrigérateur.
L’orange est le quatrième fruit le plus cultivé au monde.
Orange crue
Valeur nutritive pour 100g
eau : 86,75 g |
cendres totales : 0,44 g |
fibres : 2,4 g |
valeur énergétique : 45 kcals |
glucides : 11,75 g |
sucres simples : 9,35 g |
protéines : 940 mg |
lipides : 120 mg |
Oligo-éléments |
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potassium : 181 mg |
calcium : 40 mg |
phosphore : 14 mg |
magnésium : 10mg |
fer : 100 µg |
zinc : 70 µg |
cuivre : 45 µg |
sodium : 0 mg |
Vitamines |
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vitamine C : 53,2 mg |
vitamine B1 : 87 µg |
vitamine B2 : 40 µg |
vitamine B3 : 282 µg |
vitamine B5 : 250 µg |
vitamine B6 : 60 µg |
vitamine B9 : 0 µg |
vitamine B12 : 0 µg |
vitamine A : 225 UI |
rétinol : 0 µg |
vitamine E : 0,18 µg |
vitamine K : 0 µg |
acides gras |
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saturés : 15 mg |
mono-insaturés : 23 mg |
poly-insaturés : 25 mg |
cholestérol : 0 mg |
La consommation annuelle de fruits par habitant
Cette consommation est variable d’un continent à l’autre et d’un pays à l’autre. En Amérique du Nord cette consommation est supérieure à 120 kg/habitant. Elle avoisine également les 120 kg en Amérique Latine. Elle est aux alentours de 100 kg en Europe et dépasse à peine les 50 kg en Afrique, la moyenne mondiale étant de 61-62kg/habitant/an.. En Algérie, si laconsommation des légumes frais a augmenté, par contre, la consommation de fruits n'a cessé de diminuer, passant de 41 à 31 kg/hab./an entre 1981 et 1992. Cette régression résulte de la diminution de la production fruitière, d'une forte croissance démographique et du prix très élevé des fruits les mettant hors de portée des ménages moyens. D'après l'Institut National des Etudes Stratégiques Globales (INESG, 1989), le taux d'autosuffisance en fruits et légumes est estimé à 90 % pour les années 2000 et 2010, soit le plus haut niveau pour les produits agricoles et alimentaires.
Evolution de la consommation des fruits et légumes en Algérie (en Kg/Hab./an)
D’après : Lazhar Baci - Institut National Agronomique El Harrach.
Evolution du pourcentage d’autosuffisance
" Un pays dont la production agricole est insuffisante pour nourrir sa population n'est pas libre. "
E. Roux
Evolution des prix moyens à la consommation (en DA courants)
Jusqu'à leur libéralisation, les prix appliqués à l'agriculture algérienne ont évolué selon l'intervention de l'Etat. A partir de 1988, les prix des facteurs de production ont enregistré une augmentation régulière et de plus en plus accélérée, ce qui se traduira dans les prix à la consommation. En 2008, le prix du kilo d’orange dépasse allégrement les 100 DA pour la Thompson mais l’orange sanguine est encore à la porté des bourses modestes et peut être consommée pressée. Alors, chaque matin, ayez le bon réflexe : une orange pressée (bien meilleure que le jus de fruit du commerce et bien moins calorique car sans sucre ajouté), à consommer sans attendre pour bénéficier de toute ses vitamines.
L’orange est un vrai cocktail de bienfaits et participe à l’équilibre alimentaire, elle apporte beaucoup de vitamines et peu de calories. Entière, elle apporte beaucoup de fibres qui facilitent le transit.