Intoxication au plomb : Dangers et prévention
Qu’est-ce que le plomb ?
Le plomb est un métal toxique naturellement présent dans l’écorce terrestre. Il a de nombreux usages (fabrication de batteries plomb-acide pour véhicules motorisés et stockage d’énergie, pigments et peintures, soudures, munitions, glaçures céramiques, bijoux, jouets) et on le retrouve dans certains cosmétiques et médicaments traditionnels. Quelques pays continuent également à l’utiliser dans l’essence. Son traitement, son utilisation et son élimination peuvent contaminer l’environnement et entraîner une exposition humaine. Comme le plomb est un élément chimique, une fois libéré dans l’environnement, il y persiste et devient une source d’exposition potentielle.
Qu’est-ce que l’intoxication au plomb ?
Chez l’être humain, une exposition excessive au plomb, le plus souvent par ingestion, entraîne une intoxication. L’exposition peut être de courte durée (intoxication aiguë) ou prolongée (intoxication chronique). On n’a pas encore déterminé de seuil au-dessous duquel l’exposition au plomb serait sans danger.
Quels sont les effets de l’exposition au plomb sur la santé ?
Le plomb n’a aucune fonction biologique dans l’organisme. Il s’accumule dans l’organisme et touche pratiquement tous les systèmes organiques. Le plomb peut avoir des effets chroniques et néfastes chez des personnes de tout âge, mais il est particulièrement nocif pour les enfants. En effet, pendant son développement, le système nerveux est vulnérable face aux effets toxiques du plomb même à des niveaux d’exposition qui n’entraînent pas de symptômes et de signes évidents. L’exposition au plomb au début de l’enfance peut entraîner une diminution des capacités cognitives, une dyslexie, un déficit de l’attention et des comportements antisociaux. L’exposition au plomb peut également entraîner une hypertension artérielle et une insuffisance rénale et être toxique pour le système immunitaire et l’appareil reproducteur.
Les enfants qui survivent à une grave intoxication au plomb en gardent parfois des séquelles neurologiques définitives qui peuvent se manifester par une surdité ou un retard mental.
Selon les estimations de l‘Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), élaborées à partir des données de 2015, l’exposition au plomb était responsable de 494 550 décès et de 9,3 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité (DALY) dus aux effets à long terme sur la santé. Les pays à revenu faible ou intermédiaire sont les plus touchés par ce phénomène. L’IHME a également estimé que l’exposition au plomb était responsable de 12,4 % de la charge mondiale des déficiences développementales et intellectuelles idiopathiques (c’est-à-dire sans cause connue comme, par exemple, des facteurs génétiques), de 2,5 % de la charge mondiale des cardiopathies ischémiques et de 2,4 % de la charge mondiale des accidents vasculaires cérébraux (3)
Quels sont les coûts engendrés par l’exposition au plomb ?
L’exposition au plomb engendre des coûts économiques directs et indirects : coût du traitement des intoxications au plomb, coûts sociaux tels que la nécessité de mettre en place une éducation spécialisée pour combattre les déficiences intellectuelles induites par le plomb et les pertes de productivité dues à la baisse du quotient intellectuel (QI). On estime que les coûts économiques imputables aux conséquences neurodéveloppementales de l’exposition au plomb durant l’enfance s’élèvent à 1,2 % du produit intérieur brut mondial (PIB) en 2011. En termes de pertes de PIB au niveau régional, le coût a été estimé à 4,03 % en Afrique, à 2,04 % en Amérique latine et aux Caraïbes et à 1,88 % en Asie
Quelles sont les sources d’exposition humaine au plomb ?
Le plomb ayant de multiples usages, les sources d’exposition potentielles sont nombreuses. On peut citer, parmi les plus importantes, la pollution de l’environnement en raison du recyclage des batteries plomb-acide et du contrôle insuffisant des opérations d’extraction et de fusion, l’utilisation de remèdes traditionnels contenant du plomb (khôl), les glaçures céramiques au plomb présentes dans les récipients à usage alimentaire, les canalisations d’eau potable en plomb et les peintures au plomb. L’essence au plomb était autrefois une source importante d’exposition.
Qu’est-ce que la peinture au plomb ?
Dans le contexte des mesures prises en vue d’éliminer les peintures au plomb, le terme « peinture » englobe les vernis, les laques, les teintures, les émaux, les glaçures, les apprêts et les autres revêtements. Une peinture est généralement un mélange formulé de résines, de pigments, de matières de charge, de solvants et d’autres additifs. Une peinture au plomb est une peinture à laquelle on a ajouté un ou plusieurs composés du plomb pour lui conférer des propriétés spécifiques telles que la couleur, la résistance à la corrosion ou la vitesse de séchage. Des composants du plomb sont principalement ajoutés à certaines peintures à base de solvant, telles que les peintures (brillantes) à l’émail.
Pourquoi la peinture au plomb est-elle une source importante d’exposition humaine ?
La peinture au plomb est encore utilisée dans la majorité des pays et, depuis l’abandon de l’essence au plomb, c’est l’une des principales sources d’exposition domestique des enfants au plomb. Une peinture au plomb intacte ne présente aucun danger, mais au fur et à mesure qu’elle vieillit, la peinture commence à s’écailler et à tomber en fragments et en poussière qui contaminent l’environnement domestique. Ce processus de vieillissement peut être très rapide sous certains climats. Les fragments de peinture et la poussière sont facilement avalés par les enfants qui jouent par terre et portent souvent leurs mains à la bouche. Certains enfants attrapent compulsivement des fragments de peinture sur les murs et les ingèrent ( comportement de pica)
Les peintures au plomb peuvent rester une source d’exposition pendant de nombreuses années. Même dans les pays qui ont interdit ces peintures il y a plusieurs décennies, on en trouve encore dans de nombreux logements. Plus tôt les peintures au plomb seront interdites dans un pays, plus vite cet héritage toxique sera éliminé.
Dès que la peinture a été appliquée dans l’habitation, elle devient une source potentielle d’exposition au plomb, en particulier lorsque la peinture commence à vieillir et à s’écailler. En France, le nombre d’enfants qui présente une plombémie supérieure à 10 µg/dL est désormais réduit, mais 74 % des cas restent liés à des logements de mauvaise qualité où il y a de la peinture au plomb
En Algérie aucune donnée statistique n est disponible
En quoi consiste la semaine d’action internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb ?
La semaine d’action internationale pour la prévention de l’intoxication au plomb est une initiative de l’Alliance mondiale pour l’élimination des peintures au plomb. Son but est d’attirer l’attention sur la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre les effets de l’exposition au plomb sur la santé, en particulier chez l’enfant. La semaine vise notamment à amener les gouvernements, l’industrie et les consommateurs à agir davantage pour éliminer les peintures au plomb. Les partenaires de cette campagne sont le Programme des Nations Unies pour l’environnement (ONU Environnement), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis d’Amérique, l’Environmental Protection Agency des États-Unis d’Amérique et l’IPEN, en partenariat avec l’Alliance mondiale pour l’élimination des peintures au plomb. Ensemble, ces partenaires mettent au point des supports de campagne en plusieurs langues, publiés sur le site Web de l’OMS à l’intention du public. Au cours de la semaine, plusieurs activités auront lieu dans le monde. Celles-ci seront organisées notamment par des groupes communautaires, des services de santé publique, des universités et des ministères
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère que le plomb est l’une des 10 substances chimiques les plus préoccupantes en termes de santé publique et les États Membres doivent donc prendre des mesures pour protéger la santé des travailleurs, des enfants et des femmes en âge de procréer.
Dr issiakhem wassila
MEDECIN EPIDEMIOLOGISTE AU CENTRE NATIONAL DE TOXICOLOGIE
CHEF DE DEPARTEMENT DU CENTRE ANTIPOISON NATIONAL