Le tri sélectif appliqué au dépistage du cancer du col utérin
Le dépistage organisé du cancer du col utérin est en place depuis longtemps dans plusieurs pays européens. Il consiste classiquement en la réalisation d’un frottis sur lame, de l’exocol et de l’endocol. Mais les performances de ce frottis seul sont actuellement remises en question, et de nombreux travaux indiquent que le dépistage serait amélioré par la réalisation d’un test HPV en même temps que l’examen cytologique.
Une équipe finlandaise s’est intéressée à la question. En Finlande justement où, depuis le début des années 60, les femmes de 30 à 60 ans reçoivent tous les 5 ans une invitation à réaliser un frottis. L’étude s’est poursuivie de 2003 à 2007, avec l’objectif d’évaluer l’impact d’un dépistage primaire par test HPV sur le nombre de cancers, de cancers invasifs ou d’adénocarcinomes in situ, regroupés sous le sigle CIN3+. Le test HPV est suivi en cas de positivité d’une cytologie classique, qui réalise en quelque sorte un tri, son résultat décidant en effet de la prise en charge ultérieure. Si le frottis s’avère normal ou ASC-US, une simple surveillance rapprochée est recommandée, et une colposcopie réalisée seulement si les mêmes résultats sont retrouvés lors des contrôles suivants. Si le frottis révèle une anomalie, la patiente est adressée en consultation spécialisée.
Plus de 58 000 patientes ont été incluses, et réparties en deux groupes, les unes bénéficiant du dépistage « traditionnel » avec le frottis classique seul, les autres ayant d’abord le test HPV, puis un frottis dans un second temps, le cas échéant (en cas de test HPV positif).
Parmi les patientes dépistées d’abord par le test HPV, 76 cas de CIN3+ ont été dépistés dont 6 cancers, alors que dans le groupe dépisté par le frottis seul 53 CIN3+ étaient retrouvés, dont 8 cancers. Ces résultats semblent indiquer que le dépistage primaire par test HPV augmente la sensibilité du dépistage. Les auteurs admettent que le nombre de cancers est faible, ce qui limite la puissance du résultat, mais ils considèrent que la forte probabilité de progression des CIN3+ est un argument sérieux pour affirmer que le résultat de cette étude est important pour la prévention du cancer.
Notons toutefois que ces résultats sont obtenus dans le cadre d’un dépistage organisé et que rien n’autorise à les extrapoler à d’autres types de dépistage. Au modèle français notamment où, en dehors de quelques régions pilotes, le dépistage « opportuniste » est la règle et permet une couverture dépassant à grande peine les 55 %.
Anttila A et coll.: Rate of cervical cancer, severe intraepithelial neoplasia, and adenocarcinoma in situ in primary HPV DNA screening with cytology triage: randomised study within organized screening programme. BMJ 2010; 340:c1804