Menace d’accouchement prématuré : antibiotiques ou non ?
L’accouchement prématuré (AP) est une des causes principales de mortalité et de morbidité néonatales, celles-ci étant étroitement liées à l’âge gestationnel à la naissance. Les facteurs de risque d’AP sont nombreux (grossesses multiples, incompétence cervico-isthmique, anomalies placentaires, facteurs psychologiques et socio-économiques etc.). Par ailleurs un lien entre une infection intra-utérine, souvent asymptomatique, et la survenue d’un accouchement prématuré a été établi par plusieurs études. L’administration des antibiotiques chez les femmes présentant une rupture prématurée des membranes semble être bénéfique à la prolongation de la grossesse et à la réduction de la morbidité néonatale. Par contre, dans le contexte d’un travail prématuré avec des membranes intactes, une antibiothérapie pourrait avoir des effets néfastes en augmentant la mortalité infantile.
Une méta-analyse récente a été effectuée pour déterminer l’impact des antibiotiques dans la prolongation de la grossesse et dans la réduction de la morbidité néonatale chez les femmes présentant une rupture prématurée des membranes (PPROM) ou un travail prématuré (PTL) entre 22 et 34 semaines de gestation. Les études randomisées comparant l’antibiothérapie avec un placebo, et portant sur des cas de PPROM ou PTL, avec des durées de grossesses inférieures ou égales à 34 semaines ont été sélectionnées. Vingt et une études ont été incluses dans cette méta-analyse dont 9 études concernant la PPROM (5 288 accouchements), 10 la PTL (6 771 accouchements) et 2 études sur PPROM et PTL (164 accouchements).
Les résultats ont démontré que l’administration des antibiotiques était associée à une prolongation de la grossesse, à une réduction du risque de chorioamniotite, d’infection néonatale et d’hémorragie intra-ventriculaire dans les cas de PPROM. Par contre, dans le groupe PTL, l’antibiothérapie n’était associée ni à une prolongation de grossesse, ni à une diminution de la morbidité néonatale mais en revanche, elle était associée à une réduction des infections cliniques néonatales.
Cette méta-analyse démontre d’une façon convaincante l’impact positif de l’antibiothérapie sur la prolongation de la grossesse chez les femmes présentant une rupture prématurée des membranes. Même une prolongation de 48 h, qui permet l’administration d’une corticothérapie, pourrait être particulièrement bénéfique pour les nouveau-nés d’un âge gestationnel de 34 semaines ou moins. Par contre, les données ne sont pas suffisantes pour recommander de prescrire une antibiothérapie dans le cas d’un travail prématuré. Des explorations supplémentaires seraient nécessaires pour permettre de sélectionner les femmes qui pourraient profiter d’une antibiothérapie dans le cadre d’un PTL.
Hutzal CE et coll. Use of antibiotics for the treatment of preterm parturition and prevention of neonatal morbidity: a metaanalysis. Am J Obstet Gynecol. 2008; 199: 620.e1-8.