Le centre international de recherche sur le cancer classe le tabagisme passif dans le groupe des cancérogènes pour l’homme
Le tabagisme est généralement reconnu comme la cause évitable la plus importante du cancer humain : il est responsable chaque année de plus de 230 000 nouveaux cas de cancer en Amérique du Nord, et de plus de 420 000 cas en Europe. Le tabagisme passif, lui, entraîne un risque plus faible et l'industrie du tabac a fait de très gros efforts pour nier le risque de cancer du poumon associé à la fumée de tabac présente dans l’environnement, risque sur lequel se fonde la législation protégeant les non-fumeurs sur leur lieu de travail et dans les lieux publics.
L'existence d'un risque cancérogène lié au tabagisme passif donne une nouvelle dimension au débat sur les effets sanitaires du tabac puisque, contrairement aux maladies affectant le fumeur actif, il entraîne des dommages pour la santé imposés à des personnes qui ont choisi de ne pas fumer. Cette différence a des conséquences importantes en termes de réglementation de la fumée du tabac dans les lieux publics et peut, à long terme, constituer un facteur très important dans la baisse de la consommation du tabac. Ceci explique le fort intérêt de l'industrie du tabac à surveiller et discréditer les études qui, comme celles du CIRC, contribuent à établir le lien causal entre le tabagisme passif et le cancer.
Un groupe d'experts composé de 29 chercheurs venus de 12 pays différents, réuni par le Programme des Monographies du Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), basé à Lyon (France) a passé en revue toutes les indications significatives publiées sur le tabagisme, actif et passif, et ses liens avec le cancer. Si les conclusions rendues ont confirmé, sans surprise, les effets cancérogènes du tabagisme actif, évalué par ce même programme en 1986, il a aujourd'hui conclu son évaluation des risques cancérogènes associés au tabagisme involontaire, en classant l'exposition involontaire à la fumée du tabac comme cancérogène pour l'homme.
TABAGISME ACTIF
Morbidité très élevée
L’épidémie de tabagisme a atteint une dimension planétaire : la moitié des fumeurs succombent à une pathologie provoquée par le tabac. La moitié de ces décès surviennent entre 35 et 69 ans. Les victimes du tabac perdent alors en moyenne 20 à 25 ans d’espérance de vie de non-fumeur. Cette épidémie gagne à présent les femmes et les pays en développement. Si le tabac tue chaque année des millions de personnes par cancer, il provoque un nombre encore plus élevé de décès prématurés par maladies cardiovasculaires et pulmonaires et d’accidents vasculaires cérébraux que de décès par cancer. Quoi qu’il en soit, la consommation de tabac est la cause la plus importante de cancers évitables dans le monde.
Malheureusement, au fur et à mesure que l’on progresse dans l’étude des risques de cancer liés au tabagisme, on découvre qu’ils se révèlent plus importants et qu’ils affectent davantage de localisations anatomiques qu’on ne le soupçonnait précédemment.
De nouvelles localisations-cibles identifiées
Dans le cadre de cette monographie, le Groupe de travail a ajouté de nouvelles localisations anatomiques à la liste déjà très longue des cancers provoqués par le tabac : parmi elles, certains des cancers les plus fréquents dans le monde, comme les cancers de l’estomac, du foie, du col utérin, du rein (carcinome des cellules rénales) et la leucémie myéloïde. En outre, les risques de cancer liés au tabagisme sont grandement aggravés pour certaines localisations lorsqu’ils se combinent à une exposition à d’autres cancérogènes connus.
Pas seulement la cigarette
Hormis la cigarette, d’autres formes de tabagisme très répandues, comme le cigare, la pipe et les bidis (fréquents en Asie du Sud et gagnant en popularité aux Etats-Unis) accroissent les risques des cancers du poumon, de la tête et du cou, entre autres.
Plus tôt l’on commence à fumer et plus le risque est important
Plus l’on fume longtemps, et plus les risques de cancer augmentent. La tendance des enfants qui fument de plus en plus tôt les prédispose à des risques substantiels plus tard.
Ne commencez pas à fumer, et si vous fumez, arrêtez !
S’il est évidemment meilleur de ne jamais commencer à fumer, la plus grande réduction du nombre de décès par cancer dans les quelques décennies à venir proviendra d’une réduction du risque pour les fumeurs qui arrêtent de fumer. Ne jamais fumer, bien sûr, ou abandonner le tabac, restent les meilleurs moyens de prévenir le cancer dans le monde au XXIe siècle. Par comparaison, les gains en matière de santé publique tirés d’une modification de la composition des cigarettes seraient minimes.
Heureusement, les indications scientifiques continuent de s’accumuler sur les avantages de l’abandon, à tout âge, de l’habitude tabagique. La plus grande part des effets nocifs sont évités si l’on arrête de fumer au début de la trentaine, mais on obtient une réduction du risque même plus tard. Arrêter de fumer est vraiment bénéfique.
Hommes et femmes égaux
Les risques de cancer du poumon liés au tabagisme sont les mêmes chez les hommes et les femmes lorsque l’habitude tabagique est semblable et de même durée. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni (où de nombreuses femmes ont fumé des cigarettes tout au long de leur vie adulte), environ 90% des cancers du poumon, chez les hommes comme chez les femmes, sont imputables à la cigarette.
Certains risques de cancers non affectés
La fumée du tabac ne provoque pas tous les cancers. On dispose aujourd’hui d’indices clairs de ce que le tabagisme n’entraîne que peu ou pas de risque de cancer du sein ou de l’endomètre, pas plus que pour la prostate.
NON-FUMEURS
L’exposition involontaire à la fumée de tabac provoque le cancer du poumon
Les non-fumeurs sont exposés aux mêmes cancérogènes que les fumeurs actifs. Il a été montré que les niveaux types d’une exposition involontaire provoquaient le cancer du poumon chez des individus n’ayant jamais fumé. La fumée de tabac dans l’air ambiant EST cancérogène pour l’homme. La crainte que le cancer du sein et d’autres cancers, non causés par un tabagisme actif, puissent être provoqués par une exposition involontaire à la fumée est injustifiée.