L’apport des simulateurs dans l’apprentissage en chirurgie
La simulation chirurgicale s’est principalement développée depuis l’avènement de la coeliochirurgie qui impose au chirurgien une adaptation à une vision en deux dimensions et une diminution de la sensation de tact, responsable d’une augmentation de la morbidité, du moins lors de l’acquisition d’une technique chirurgicale donnée.
Ainsi la Société Algérienne de Chirurgie Laparoscopique(SACL) a développé, il y a plus d’une dizaine d’année, une formation en chirurgie laparoscopique basée essentiellement sur l’apprentissage sur Pelvi-Trainer. Cette simulation cœlioscopique permet une amélioration de la courbe d’apprentissage pour un geste technique donné et une réduction du nombre d’erreurs à la phase initiale de l’apprentissage. Plusieurs équipes à travers le monde ont mis en évidence un gain en termes de performances techniques pour les chirurgiens en formations (résidents) et plusieurs scores d’habilité technique ont été développés (exemple : Global Assessment of Technical Skills développé par la société américaine de gastroentérologie et chirurgie endoscopique : SAGES). Les outils actuellement disponibles dans l’apprentissage et l’évaluation de la compétence en chirurgie laparoscopique sont nombreux :
- Les simulateurs simples qui reposent sur l’acquisition d’une habilité technique en manipulant les principaux instruments coelioscopiques. Ces simulateurs de faible coût permettent l’acquisition d’une habilité technique à la phase initiale de l’apprentissage et également d’entretenir une gestuelle chez le chirurgien déjà expérimenté.
- Les simulateurs en réalité virtuelle qui peuvent contenir des modules d’interventions (cholécystectomie, by-pass gastrique, colectomie etc.) voire même un module de retour de force (qui augmente le coût de l’appareil) afin d’améliorer le réalisme.
A l’heure actuelle, devant la demande exprimée par les usagers de la santé (patients), la plupart des gestionnaires d’établissements hospitaliers ont équipés leur bloc opératoire de colonne de coeliochirurgie. Mais qu’en est-il de la formation des chirurgiens ? Dans les services hospitalo-universitaires de chirurgie, le nombre de résidents en formation est de plus en plus élevé d’une part et certains services utilisent peu cette voie d’abord. Quelle qualification en cœliochirurgie auront nos titulaires du DEMS de chirurgie ? Sont-ils réellement apte à pratiquer seuls une intervention sous cœlioscopie ? De temps à autre nous recevons des demandes de stage de courte durée (un mois en général) de la part de directeurs d’établissements hospitaliers pour la formation d’un chirurgien après l’achat d’une colonne de coeliochirurgie par l’hôpital. Cette durée est-elle suffisante ?
La faculté de médecine et à fortiori le Comité Pédagogique National de Chirurgie sont interpellés pour trouver une solution à ce besoin de formation qui ne saurait être le module actuellement enseigné en 5ème année de chirurgie, module strictement théorique d’une part, mal placé dans le cursus d’autre part. Le futur chirurgien ne doit pas attendre la 5ème et dernière année de chirurgie pour connaitre les rudiments de la coeliochirurgie.
Les simulateurs ont l’avantage de permettre un apprentissage des techniques chirurgicales en laparoscopie ainsi qu’une évaluation des acquisitions et de la dextérité chirurgicale. Cette technologie devrait amener à une meilleure préparation de nos jeunes chirurgiens. Les différents Comités Pédagogiques Régionaux (CPR), au niveau de chaque faculté de médecine, devraient être équipés de simulateurs intégrés dans les programmes pédagogiques de formation des résidents de chirurgie. La coeliochirurgie est en train de se développer de plus en plus (pratiquement toutes les interventions en chirurgie abdominale ont été rapportées comme faisables par cœlioscopie mais les interventions coelioscopiques requièrent une expertise et une courbe d’apprentissage) et on ne saurait occulter de la formation cet aspect et surtout les jeunes chirurgiens n’ont pas à se retrouver confrontés à une demande d’intervention sous cœlioscopie et à acquérir la gestuelle sur de vrais malades.
Les simulateurs permettent de former les chirurgiens à des techniques opératoires avec une grande flexibilité et à un coût relativement correct : Il y va de la sécurité de nos opérés.