Campagne de sensibilisation au don et à la greffe d’organes
Les participants aux journées de sensibilisation sur le don et la greffe des organes ont appelé, samedi à Mila, à intensifier les campagnes de vulgarisation, à améliorer l’organisation et la concertation entre les différentes parties concernées pour la promotion et le développement des opérations de don et de la greffe des organes.
Les présents, praticiens et imams, ont argumenté, au cours de cette rencontre organisée à la maison de la culture M’barek El Mili, que ces démarches contribueraient à répondre aux attentes des malades et aux besoins pour la relance de la greffe.
Organisées à l’initiative du bureau local du syndicat national des médecins généralistes de santé publique (SNMGSP) en collaboration avec l’Agence nationale de greffe d'organes et l’Association nationale Don d'Organes Biloba, ces premières journées ont été mises à profit par les participants pour évoquer les aspects sanitaire, historique, légal et religieux concernant le don et la greffe des organes, un sujet qualifié de "sensible et vital" aussi bien en Algérie que dans le monde.
Dans ce sens, le président du SNMGSP, Salah Laâouar Abdelhamid, mettant en exergue les efforts considérables déployés par les pouvoirs publics (mobilisation des budgets, moyens et mise en place des législations nécessaires) pour promouvoir les greffes d’organes, a estimé que les "objectifs tracés n’ont pas été encore atteints".
Il a ajouté que davantage d’efforts et de travail sont nécessaires pour répondre à la demande des malades en matière de transplantation d’organes devant mettre fin aux souffrances des milliers de patients.
De son côté le Pr. Boudhane, chef service de la réanimation médicale au centre hospitalo-universitaire (CHU) Benbadis de Constantine, a considéré que si le don et la transplantation d’organes entre les vivants connait une "évolution" en Algérie, le prélèvement d’organes sur une personne décédée demeure "faible et insuffisant", arguant que plusieurs facteurs expliquent cette faiblesse, dont "l’absence d’une culture du don d’organes et de tissus dans la société algérienne."
Le même spécialiste a ajouté qu’en dépit de la fetwa du Haut conseil islamique (HCI) dans les années 1980 et l’accord des pays musulmans signé à Amman (Jordanie) autorisant de prélever un organe d’une personne décédée et de le greffer à une autre personne, "ce volet de transplantation peine à démarrer."
De son côté le Pr. Djeloul Hdjimi, secrétaire général de la Coordination nationale des imams et des fonctionnaires des affaires religieuses et des wakfs, affirmant que la Chariâa s’adapte avec tous les temps tout en préservant les principes de l’islam, a indiqué que la transplantation des reins "est devenue une évidence qu’il faut encourager pour sauver des vies, tandis que la greffe des glandes génitales renfermant des cellules germinales souches porteuses de caractères héréditaires qui se transmettent de pères en fils est interdite en Islam, car entraînant inéluctablement le mélange de filiations".
L’Algérie dispose actuellement de 14 établissements hospitaliers agréés dans le domaine de transplantation d’organes, a fait savoir Dr. Radia Kraiba de l’Agence national de greffe d’organes, dans une intervention intitulée "les nouveautés dans la prise en charge des malades nécessitant une greffe en Algérie".
Au cours de cette rencontre, ouverte en présence des autorités locales, plusieurs volets liés au "déficit" en matière de sensibilisation et d’information s’agissant de la greffe des organes, de l’aspect législatif de cette activité régi par la loi 85-05 ont été évoqués par les participants.
Le rôle de l’Agence nationale de greffe d’organes, créée en 2012, dans l’organisation de ce domaine vital à travers la coordination entre les différents établissements hospitaliers et la facilitation des procédures de transplantation dans toutes les régions du pays conformément à la loi en vigueur, a été souligné au cours de cette rencontre.