Intégration des thérapeutiques ciblées avec la radiothérapie dans les cancers bronchiques non à petites cellules
La radiothérapie est capable d’éradiquer, au sein de la tumeur, les cellules souches dont la persistance est responsable de la récidive, ce qui n’est pas le cas des thérapeutiques ciblées. Des études pré-cliniques ont démontré, sur des lignées cellulaires, que l’adjonction d’un inhibiteur de l’EGFR à la radiothérapie augmentait l’efficacité de celle-ci. Curieusement cet effet a surtout été observé avec le cetuximab (anticorps monoclonal anti-EGFR) et dans une moindre mesure avec les inhibiteurs de tyrosine-kinase. L’étude de J.Bonner (N Engl J Med 2006) montre que l’adjonction de cetuximab à la radiothérapie permet d’augmenter de façon significative le contrôle local et la survie globale chez des patients présentant un cancer ORL avancé. D’autres études sont en cours en ORL pour associer radiothérapie, chimiothérapie et cetuximab. Le traitement standard des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) localement avancés repose avant tout sur l’association concomitante de la chimiothérapie et de la radiothérapie. EGFR est exprimé dans 40 à 80% des CBNPC et son expression est souvent corrélée à une radiorésistance. Les inhibiteurs de tyrosine kinase de l’EGFR ont montré une activité dans les CBNPC métastatiques après chimiothérapie. Récemment, l’étude Flex présentée par R.Pirker à l’ASCO 2008, a montré que la survie globale des patients présentant un CBNPC métastatique était significativement améliorée par l’association du cetuximab à une chimiothérapie associant cisplatine et vinorelbine en première ligne. Il est donc logique d’étudier l’adjonction de cetuximab à une chimio-radiothérapie concomitante dans les CBNPC. C’est ce qui a été fait par le RTOG (Radiation Therapy Oncology Group). Les résultats d’un essai de phase II associant carboplatine-paclitaxel-cetuximab et radiothérapie sur 93 patients, ont été présentés par GR. Blumenschein à l’ASCO 2008. Les résultats sont prometteurs avec une médiane de survie globale de 23 mois et un taux de survie à 2 ans de 49%. Bien que l’incidence des toxicités pulmonaire et oesophagienne de grade 3 et 4 soient faibles (< 10%) il est à déplorer 5 décès liés au traitement. Une étude de phase II randomisée va démarrer prochainement en France (GFPC 08-03) et aura pour objectif principal d’évaluer la toxicité et la faisabilité de l’association chimio-radiothérapie-cetuximab. Les études avec un inhibiteur de tyrosine-kinase ne montrent pas pour l’instant de bénéfice à son association avec la chimio-radiothérapie. Des études intégrant un anti-angiogène, le bevacizumab, à la chimio-radiothérapie sont en cours dans les CBNPC.